• L’expérience collaborateur monte en puissance… sans totalement mobiliser les DRH
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L’expérience collaborateur monte en puissance… sans totalement mobiliser les DRH

L’expérience collaborateur monte en puissance… sans totalement mobiliser les DRH

Publiée le 21/03/2022

  • La rédaction de liaisons-sociales.fr
  • L’expérience collaborateur s’est démocratisée, selon les résultats, publiés ce lundi 21 mars, du 5e baromètre national consacré à sujet. Une pratique qui pourtant mobilise peu les DRH.
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La démarche de l’expérience collaborateur (1) concerne désormais une entreprise sur deux. C’est en tout cas ce qui ressort du 5e baromètre national de l’expérience collaborateur (2) réalisé par l’agence de marketing Parlons RH. Dévoilé ce lundi 21 mars, celui-ci constate que 50 % des professionnels RH en entreprise évoluent dans une organisation qui a mis en place une telle démarche. Ils étaient 25 % en 2019. « La pratique se démocratise à rythme soutenu », remarque Thomas Chardin, dirigeant et fondateur de Parlons RH. Si ce dispositif reste l’apanage des grandes entreprises - 56 % des organisations de plus de 1 000 salariés le pratiquent (+3 points de plus qu’en 2021) – il concerne de plus en plus les PME et les ETI. En 2022, les entreprises de 10 à 1 000 salariés étaient pratiquantes à 45 %, soit une progression de 10 points par rapport à l’année précédente. Les secteurs en pointe sont ceux de la banque et de l’assurance (64 %), de l’informatique, de la communication, des télécommunications et des médias (54 %) et des services aux entreprises (52 %). L’industrie et la construction (30 %), l’hôtellerie-restauration (33 %), le commerce, le transport et la logistique (40 %) et les services aux particuliers (42 %) restent en retrait. Deux profils se détachent, indique l’étude : des précurseurs qui pratiquent l’expérience collaborateur depuis plus de 3 ans (10 % de l’échantillon) et des réfractaires qui n’envisagent toujours pas de l’adopter (17 %).

L’engagement, premier objectif

L’engagement des salariés demeure, pour 72 % des répondants, le premier objectif d’une politique d’expérience collaborateur. Selon les sondés, le niveau d’engagement des personnels est, depuis fin 2020, resté stable dans environ la moitié des entreprises – qu’elles soient ou non adeptes de la démarche. Les entreprises pratiquantes ont été toutefois plus nombreuses à enregistrer une augmentation de l’engagement pendant cette période : 21 % contre seulement 6 % des non-pratiquantes. Et l’engagement a moins souvent baissé chez les utilisatrices de la démarche (27 %) que chez les non utilisatrices (37 %).

Parmi les activités que les professionnels RH considèrent comme prioritaires en 2022 dans le cadre de cette pratique, les sondés citent l’intégration (73 %), le management (53 %), les carrières et la mobilité (36 %), la formation et le recrutement (30 %), la communication interne (24 %), l’évaluation de la performance (17 %), l’offboarding (14 %), la rémunération et les avantages sociaux (9 %), le dialogue social (8 %), la paie et l’administration du personnel (6 %). Un classement quasi identique à celui constaté les années précédentes.

Accompagnement de l’hybridation

Arme anti-crise Covid aux mains des DRH en 2020, l’expérience collaborateur a, en 2021, davantage accompagné le basculement des entreprises vers un mode hybride des organisations de travail. Les sociétés adeptes de cette pratique sont plus nombreuses que les autres à avoir systématisé l’organisation hybride du travail en réponse à la crise sanitaire. 70 % d’entre elles ont ainsi franchi le pas, contre 53 % des autres. De même, 60 % des entreprises utilisatrices de cette mesure ont modifié l’organisation du travail et/ou de leurs bureaux suite à la crise, contre 48 % des non utilisatrices.

Les entreprises pratiquantes ont aussi négocié un accord d’entreprise relatif à l’organisation du travail dans 71 % des cas (contre 36 %). Elles ont également plus souvent pris l’initiative de former leurs collaborateurs au travail hybride (39 % contre 24 %). En outre, 75 % des précurseurs de l’expérience collaborateur ont formé les managers à la gestion des équipes à distance, contre seulement 16 % des réfractaires.

Des DRH en retrait

Parmi les fausses notes, l’étude met en avant un sous-équipement des entreprises en matière d’outils digitaux RH orientés expérience collaborateur. « Ce point devra impérativement être traité pour que la dynamique actuelle débouche sur de véritables pratiques transformatrices des organisations. », notent les auteurs du baromètre. Parmi les entraves au développement ou au déploiement d’une politique d’expérience collaborateur, les sondés déplorent le manque de temps et de moyens humains. L’obstacle principal évoqué par ceux qui n’y ont pas goûté, demeure le manque de soutien de la direction. Dans les entreprises pratiquantes, le défaut d’enthousiasme de la direction remonte de la 10e à la 5e place des obstacles cités, alors que dans le même temps la réticence des managers passe de la 4e à la 8e place. « Les freins invoqués par les pratiquants se concentrent de plus en plus sur des questions de moyens concrets (humains, financiers, temps), les problèmes culturels et organisationnels passant au second », expliquent les auteurs.

Plus surprenant : seulement 66 % des DRH sont en charge du projet « expérience collaborateur » dans leur organisation. Les autres préfèrent confier le chantier à la direction (17 %), à un responsable dédié (8 %) ou à une autre direction (6 %). Et lorsque les professionnels RH sont interrogés sur qui devrait porter l’expérience collaborateur, les réponses sont encore moins favorables à la fonction RH : celle-ci n’est plébiscitée que par 60 % des répondants (26 % pour la direction générale). « C’est aux DRH de porter cette démarche, qui est un levier pour le business. Ces professionnels ont tout à y gagner », affirme Thomas Chardin.

J-F. Rio

(1) Parlons RH définit l’expérience collaborateur comme « l’ensemble des interactions et expériences vécues par un collaborateur au sein de l’entreprise, dans les moments clés de son parcours comme dans son quotidien professionnel, de son recrutement jusqu’à son départ ».

(2) L’enquête a été conduite via un questionnaire en ligne administré entre le 13 octobre et le 14 décembre 2021. 458 personnes ont répondu aux questions, 327 répondants sont des professionnels des ressources humaines travaillant au sein de la DRH d’une entreprise ou d’une organisation.