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Les DRH frileux sur les augmentations salariales

Les DRH frileux sur les augmentations salariales

Publiée le 05/10/2022

  • La rédaction de liaisons-sociales.fr
  • Malgré l’inflation et les difficultés de recrutement, les DRH alertent sur la complexité de revaloriser les salaires au vu du contexte économique, selon les résultats, dévoilés le 4 octobre, d’une étude menée par l’ANDRH auprès de ses adhérents.
Portée

Laurence Breton-Kuneny, vice-présidente de l’ANDRH, Audrey Richard, présidente de l’ANDRH, et Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH, lors de la conférence de presse de l'association le 4 octobre

© ANDRH

En proie aux difficultés de recrutement pour 88 % d’entre eux, les 462 décideurs RH sondés par l’ANDRH reconnaissent aussi un contexte tendu sur le front des rémunérations. Et leur réponse ne passe pas forcément par le salaire. « Ils alertent sur la difficulté de revaloriser les salaires au vu du contexte économique », affirme Benoit Serre, vice-président délégué de l’ANDRH et DRH de L’Oréal France. Si 18 % des professionnels RH interrogés reconnaissent avoir avancé le calendrier des NAO pour répondre au défi de l’inflation, près de la moitié d’entre eux ont utilisé en 2021 la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat. De plus 40 % d’entre eux envisagent de verser cette année la prime de partage de la valeur qui, depuis la loi du 16 août 2022 sur les mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat, peut s'élever jusqu'à 6 000 euros par salarié. « La prime de partage de la valeur est un outil apprécié des DRH qui permet de répondre aux attentes des salariés sans mettre en péril les équilibres moyen-terme de l’entreprise », précise Benoit Serre. 50 % des DRH/RRH trouvent ainsi pertinentes les évolutions apportées cet été à la prime Macron dans le cadre du paquet pouvoir d’achat. « Cela permet un ajustement court terme le temps de revoir les rémunérations », témoigne un adhérent de l’ANDRH.

Rachat de jours de RTT

Autre levier à la disposition des entreprises : le rachat des jours de RTT non pris par les salariés, autorisé par la loi de finances rectificative pour 2022 adoptée également cet été dans le cadre du paquet pouvoir d’achat. Cette possibilité récente intéresse 44 % des professionnels RH qui admettent avoir une réflexion en cours sur ce sujet. Pour les plus attentistes, les points de vigilance se concentrent sur les risques de voir les salariés accumuler des RTT pour bénéficier du rachat et sur la détérioration de l’équilibre vie personnelle-vie professionnelle.

En matière de politique de rémunération globale, 52 % des sondés indiquent avoir mis en place, ou sont en train de le déployer, un accord d’intéressement. Autres dispositifs de rémunération déjà opérationnels ou en passe de l’être : le bonus (49 %), le CET (43 %), le plan d'épargne retraite obligatoire et le plan d’épargne retraite (39 %). En revanche, 75 % des adhérents à l’ANDRH ne priorisent pas d’actions en faveur de l’actionnariat salarié.

Le climat social inquiète

Une large majorité de DRH observent en outre une bonne acceptation du travail en mode hybride (74 %). Seulement 22 % d’entre eux ont dû affronter des refus de la part des collaborateurs - par exemple, des salariés qui ont refusé de revenir au bureau le nombre de jours prévus. Les sondés sont revanche soucieux de l’évolution du climat social, 39 % d’entre eux anticipant une dégradation sous l’effet conjugué de l'inflation, de la crise énergétique et de la réforme des retraites. « Au regard de l’actualité qui amène de grandes incertitudes, les DRH sont à la manoeuvre pour adapter les organisations », assure Audrey Richard, présidente de l’ANDRH et DRH du groupe Up.

Réforme des retraites

Sur la réforme des retraites, l’ANDRH s’est montrée rassurée par les intentions de l’exécutif de prendre en compte l’emploi des seniors. « Réformer les retraites sans avoir une politique volontariste sur l'emploi des seniors est un marché de dupes », tonne Benoit Serre. L’association demande aux entreprises de prendre aussi leur part en recrutant davantage des salariés de plus 55 ans. Selon une étude réalisée par Ipsos pour l’association A compétence égale et publiée le 29 septembre dernier, 73 % des candidats et 63 % des recruteurs s’accordent pour dire qu’il existe des freins à recruter des salariés âgés. Pour les candidats, le principal frein est le temps restant avant la retraite (52 %), tandis que pour les recruteurs, la difficulté d'intégration dans des équipes plus jeunes (35 %) et la faible adaptation aux nouvelles technologies (35 %) sont les deux obstacles mis en avant.

J-F. Rio