• Harcèlement au travail : un phénomène répandu et souvent méconnu des salariés
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Harcèlement au travail : un phénomène répandu et souvent méconnu des salariés

Harcèlement au travail : un phénomène répandu et souvent méconnu des salariés

Publiée le 12/10/2022

  • La rédaction de liaisons-sociales.fr
  • Le harcèlement au travail est un phénomène répandu dans les organisations, selon une majorité de salariés sondés dans le cadre d’une étude Ipsos/Qualisocial publiée mercredi 12 octobre. Ils s’estiment aussi mal informés sur ce fléau et mettent en avant le peu d’appétence des entreprises pour des actions de sensibilisation sur le harcèlement.
Portée

35 % des salariés déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement au travail (Etude Ipsos/Qualisocial)

© GettyImages

Trois salariés sur quatre (74 %) considèrent que le harcèlement au travail est un phénomène répandu, selon les résultats d’une étude Ipsos réalisée auprès de 2 000 actifs pour le compte de Qualisocial, entreprise spécialisée dans la QVT et la prévention des RPS. Tout aussi inquiétant : 62% des sondés estiment que ces situations sont plus répandues qu’il y a une dizaine d’années. 53 % des salariés considèrent par ailleurs que l’enjeu de la dégradation des relations sociales – incluant le harcèlement - au travail est prioritaire. Ce sentiment est surtout partagé par les agents de la fonction publique hospitalière (65 %), les femmes (57 %), les employés (56 %) et les salariés disposant d’un contrat précaire (57 %).

Défaut d’information

Ces résultats sont toutefois à pondérer puisque dans le même temps 44 % des salariés déclarent ne pas être bien informés sur la thématique du harcèlement au travail. Conséquence : ce défaut d’information se traduit, chez 73 % d’entre eux, par une difficulté à identifier avec précision cette réalité. Si les managers s’estiment mieux informés que les autres salariés sur la législation adéquate, ils peinent eux aussi à en repérer les faits.

Reste qu’après avoir été sensibilisés sur la question, 35 % des salariés déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement au travail, dont 15 % à plusieurs reprises. Les catégories les plus touchées sont les moins de 35 ans (43 %), les salariés des petites entreprises (38 % dans celles de moins de 20 personnes contre 31 % de celles de 200 et plus) et les femmes (38 %). Côté managers, 36 % d’entre eux ont le sentiment d’avoir déjà été auteurs d’attitudes relevant du harcèlement dans leur carrière. Aussi, 60 % des situations de harcèlement sont initiées par un supérieur hiérarchique.

Impunité

Autre enseignement de l’étude : le sentiment d’impunité relevé par les victimes de harcèlement au travail. Ainsi seules 25 % d’entre elles considèrent qu’au final l’agression morale s’est terminée en défaveur de l’auteur du harcèlement (contre 42 % en leur propre défaveur et 33% ni l’un ni l’autre). Il faut dire que seules 34 % des victimes déclarent que leur employeur a été, à un moment donné, au courant de la situation. Dans ces (rares) cas de figure, les personnes ayant subi des faits de harcèlement estiment en majorité que l’employeur a bien réagi (59 %), « mais il semble que cela dépend en grande partie du statut de la victime (90 % de bonnes réactions lorsque celle-ci était manager contre 34 % si elle ne l’était pas) », observent les auteurs de l’étude.

Peu de sensibilisation dans les entreprises

Sept victimes sur dix disent avoir reçu du soutien suite à la situation de harcèlement, mais rarement de représentant de l’employeur (supérieur, RH), des syndicats ou de l’inspection du travail. Les sondés mettent également en avant le peu d’entrain des entreprises à sensibiliser en interne sur les pratiques de harcèlement au travail. Un tiers de salariés rapportent qu’il existe une communication en direction des salariés sur les réactions à avoir et/ou les personnes à prévenir en cas de harcèlement là où ils travaillent. De même, seuls 31 % des salariés déclarent qu’il existe une communication appropriée sur ce qu'est le harcèlement au travail. Cette pratique est plus répandue dans les grandes entreprises (39 % dans celles de 500 salariés et plus contre 23 % pour les structures de moins de 20), dans lesquelles les situations de harcèlement apparaissent d’ailleurs moins fréquentes. Après des situations de harcèlement, des mesures pour empêcher qu’elles se reproduisent sont prises dans seulement un cas sur deux.

J-F. R.