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Les jeunes adultes souhaitent s’engager mais pas forcément dans un syndicat

Les jeunes adultes souhaitent s’engager mais pas forcément dans un syndicat

Mis à jour le 16/11/2023

  • La rédaction de liaisons-sociales.fr
  • Si les jeunes adultes considèrent l’engagement syndical comme efficace de manière générale, de nombreux freins les rebutent à s’investir dans une organisation syndicale et patronale, selon les résultats d’une étude OpinionWay réalisée pour l’association Réalités du dialogue social.
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© Gettyimages

Les jeunes adultes souhaitent s’engager pour une cause mais pas forcément au sein d’une organisation syndicale ou patronale. C’est l’un des enseignements d’un sondage réalisé par OpinionWay auprès de quelque 500 étudiants et salariés de 18 à 35 ans pour le compte de l’association Réalités du dialogue social avec la participation de la CFDT, de la CFE-CGC, de FO, de l'Unsa et du Medef. Selon les résultats de cette étude dévoilée le 14 novembre, sept jeunes sur dix (70 %) affirment leur volonté de s’investir. Parmi ceux-ci, 40 % estiment que c’est au sein d’une association que leur engagement aurait le plus de poids ; 18 % se sentiraient surtout utiles dans un collectif ; 16 % dans une organisation syndicale de salariés ; 15 % dans une ONG ; et seuls 11 % considèrent qu’une organisation patronale ou une fédération professionnelle serait l’endroit idoine pour que leur engagement personnel ait un maximum d’impact.

Un moyen d’action efficace

Premier paradoxe de cette étude : l’engagement syndical est perçu comme un moyen d’action aussi efficace que celui dans un mouvement collectif autonome. 75 % des jeunes estiment ainsi qu’on a la possibilité de faire bouger les choses quand on est élu comme représentant d’une organisation syndicale ou patronale et 72 % lorsqu’on participe à un mouvement collectif.

Freins à l’engagement syndical

Quels sont dès lors les freins à l’engagement syndical chez les jeunes adultes ? Le premier d’entre eux tient au sentiment de ne pas être à sa place dans ce milieu en tant que « jeune ». Un sur deux (49 %) juge qu’il faut avoir plusieurs années d’expérience pour pouvoir rejoindre une organisation syndicale ou patronale et 68 % trouvent que les différentes générations ne sont pas suffisamment représentées dans les organisations syndicales. L’idée que le syndicalisme n’est pas adapté aux jeunes en début de carrière est partagée par six répondants sur dix ayant moins de 5 ans d’expérience professionnelle.

Les autres obstacles portent sur le manque de connaissances - droits des salariés (29 %), personnes à solliciter pour pouvoir se syndiquer (18 %), différentes organisations syndicales existantes (16%) - et sur le manque de temps (28 %). Le risque de discrimination syndicale est également mis en avant : 25 % des sondés craignent des conséquences négatives sur leur carrière professionnelle et 21 % considèrent que les entreprises ne respectent pas correctement la liberté de se syndiquer.

Regard critique sur les syndicats

Les jeunes adultes portent enfin un regard critique sur le fonctionnement des syndicats : 22 % estiment qu’ils n’offrent pas suffisamment de services concrets, 20 % qu’ils ne comprennent pas les préoccupations des salariés et des citoyens. En outre, 16 % jugent que le montant de la cotisation d’adhésion est élevé et 15 % expriment une opposition de principe en considérant que la défense ou la mise en cause des acquis sociaux bloquent le dialogue social.

De nombreux avantages

Autre paradoxe révélé par ce sondage : les jeunes identifient pourtant de nombreux avantages qui pourraient les inciter à rejoindre les rangs d’une organisation syndicale ou patronale. Ils seraient ainsi particulièrement motivés par la perspective de contribuer à améliorer les conditions de travail de leurs collègues (39 %) et d’être mieux informés sur leurs droits (37 %). Ce serait aussi pour eux l’une occasion de renforcer leur engagement : 33% apprécieraient de se sentir utiles à la vie de l’entreprise, 25 % d’être en contact régulier avec ses dirigeants, 21 % d’être informés en priorité des évènements importants et 20 % de rencontrer et pouvoir prendre la parole auprès des autres salariés.

Les avantages individuels que peuvent procurer un engagement syndical restent peu cités par les sondés. Seuls 18 % indiquent le fait de bénéficier du statut de salarié protégé (18 %), 17 % de bénéficier de davantage de formations ou de développer son réseau professionnel (16 %). Enfin, 12 % y verraient surtout un intérêt au moment de créer leur propre entreprise.

J-F. Rio