• Protection Sociale Informations, Nº 1401, 12 mars 2024
  • Santé au travail
  • « La santé au travail, grande perdante des ordonnances de 2017 », titre une étude de l’Ires
Protection Sociale Informations, 1401, 12-03-2024
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« La santé au travail, grande perdante des ordonnances de 2017 », titre une étude de l’Ires

« La santé au travail, grande perdante des ordonnances de 2017 », titre une étude de l’Ires

Mis à jour le 11/03/2024

  • La rédaction de Protection sociale Informations
  • Les questions de santé et sécurité au travail (SST) sont moins bien traitées dans les entreprises par le dialogue social depuis la suppression des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). C’est le constat établi par une étude de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) parue en février 2024 et réalisée pour le compte de la CFDT.

S’interrogeant sur les conséquences de la suppression des CHSCT depuis 2017, l’enquête de l’Ires dresse « un bilan globalement négatif ». Elle s’appuie notamment sur des entretiens de représentants de salariés et de cabinets d’expertise.

En premier lieu, le CHSCT n’a pas toujours été remplacé par une CSSCT (commission santé, sécurité et conditions de travail) au sein du comité social et économique (CSE), ou bien elle couvre un périmètre beaucoup plus large. Contrairement aux anciens CHSCT, ces commissions ne sont obligatoires que dans les entreprises d’au moins 300 salariés. Résultat, en 2021, elles n’existaient que dans 26,9% des entreprises de 50 à 299 salariés, note l’étude. Et l’articulation est souvent mal établie entre CSSCT et CSE.

La baisse globale du nombre de mandats et d’heures de délégation se traduit par une moindre attention portée aux questions de SST. Peu de temps leur est consacré dans les réunions du CSE, qui portent davantage sur « les enjeux stratégico-économiques » et dont les discussions sont « éloignées des réalités du travail ». Les activités des élus (« analyse d’accidents, visites d’inspection, PV spécifiques ») sont réduites dans ce domaine. Ils mobilisent moins qu’auparavant des expertises extérieures – médecine du travail, inspection du travail, cabinet d’expertise – dont les coûts engagent les ressources propres (20%) du CSE.

Dans les petites entreprises, la réforme n’a rien changé au traitement des questions de SST, selon l’étude, malgré la mise en place des CSE à partir de onze salariés.

Néanmoins, l’enquête met en lumière quelques bonnes pratiques des instances représentatives du personnel telles que le « suivi serré en faveur du maintien dans l’emploi de salariés inaptes à leur poste, [la] coopération avec la Carsat dans le cadre d’un dispositif TMS Pros, [la] mise en place d’espaces de discussion sur la qualité du travail ». Mais cela résulte essentiellement d’initiatives individuelles et volontaristes de quelques élus.

Pour améliorer le système actuel, une piste d’action est de négocier des accords sur le fonctionnement du CSE ou sur le dialogue social.

Mariette Kammerer